samedi 20 novembre 2010

Pour en savoir plus sur les manuscrits coréens de la BnF

Les manuscrits coréens de la BnF : pour en savoir plus

Rappel historique
En 1866, en représailles au massacre de 3000 chrétiens coréens et de 7 missionnaires français, l’amiral Roze, qui commandait la flotte française en Extrême-Orient, a conduit une expédition punitive en Corée. Il a incendié et pillé l’un des palais impériaux, et en a rapporté en France 297 manuscrits qui sont conservés depuis leur remise à Napoléon III en 1867, à la Bibliothèque nationale de France.
Cette affaire était bien connue des spécialistes, mais n’a jamais entraîné de revendication particulière de la part des Coréens, jusqu’à ce qu’une chercheuse coréenne, employée par la Bibliothèque nationale, dans les années 70, en fît un catalogue détaillé.
En 1993, François Mitterrand (en pleine cohabitation, Alain Juppé, alors ministre des affaires étrangères, Jacques Toubon, ministre de la culture) décida de remettre un volume en « prêt de longue durée » à la Corée, en souhaitant que l’affaire puisse se régler par un système de prêts croisés entre les deux pays.
Pour des raisons diverses, il a été impossible de mettre en place ce dispositif. La BnF a toutefois pu lancer et réaliser, en 2006-2007, une première opération de numérisation intégrale de 30 manuscrits uniques. L’opération a été financée à part égale par le MAE et la partie coréenne. Les manuscrits numérisés sont depuis lors consultables en ligne dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.
Ces deux dernieres années et en particulier ces derniers mois, dans le cadre de la préparation du sommet du G20 à Séoul, des négociations avaient été relancées entre les parties. Attachée à maintenir la propriété de l'Etat français, la BnF avait proposé un système de prêts tournants qui auraient permis à la Corée de faire venir sur son territoire l'ensemble des manuscrits sur une période à définir.

Description
Les manuscrits royaux coréens sont des manuscrits sur papier calligraphiés en caractères chinois mais en langue coréenne. Ils couvrent l'histoire de la dynastie Li qui régna sur la Corée de 1392 à 1910.
Les manuscrits royaux coréens conservés à la BNF couvrent la période allant de 1630 à 1857 et constituent donc un ensemble unique de documents relatifs à l'histoire des rois de la Corée, pays qui resta jusqu'à la première moitié du XVIIIe siècle totalement interdit aux européens et dont nous ne savons à ce jour que peu de choses.
Les manuscrits contiennent les protocoles de la cour des Li. Ils décrivent en un ou plusieurs volumes le très complexe protocole régissant les cérémonies rythmant la vie du palais. Chaque manuscrit est structuré toujours plus ou moins de la même façon : calendrier des cérémonies, géomancies, rapport des fonctionnaires, listes quantitative et qualitative d'objets ou de matériaux ayant servi à la fabrication des objets. La grande majorité des manuscrits décrivent les cérémonies de funérailles royales, la construction de chapelles ardentes, les mariages royaux ou princiers.
Les manuscrits sont souvent illustrés de dessins et de peintures exceptionnelles.
177 des manuscrits conservés à la BNF comportent donc des décors soit dispersés dans le corps du texte : mobilier, objets personnels, sceaux et boites à sceaux, vêtements accompagnant les défunts, catafalques, objets auspicieux, et surtout d'impressionnants cortèges (funérailles et mariages) dessinés et peints sur plusieurs dizaines de feuillets situés toujours en fin de volume.
Les manuscrits conservés à la BNF sont dans un état de conservation remarquable compte tenu des circonstances entourant leur venue en France. Ce n'est pas le cas des exemplaires conservés en Corée : leurs exemplaires sont souvent de moins bonne qualité, réalisés avec moins de soin et assez dégradés.
En effet, en Corée, sont également conservées de nombreuses copies de ces manuscrits. A titre d’exemple, le manuscrit coréen de la BnF remis en 1993 au Président Kim existait déjà en 5 exemplaires en Corée. Sur l’ensemble des 297 manuscrits coréens, on évalue le nombre d’unica à une trentaine de textes en 42 volumes.
novembre 2010